mardi 21 décembre 2010

Vingt-neuf. Il se fait raconter des trucs américains.

Hollywood Billy était incroyablement passionnant, presque autant que Yaya. Comme lui, il avait bourlingué, connu des expériences incroyables, fait des trucs bizarres, mais surtout, en avait gardé des souvenirs qu’il pouvait partager aujourd’hui grâce à son petit appareil. Petit-Poil-de-Cul découvrait, émerveillé, un monde totalement nouveau, fait de lumière, de flash et de caméras, et surtout d’histoires de fesses. Tellement de fesses ! Des célèbres, des moins connues, des pendouillantes, des musclées, des épilées et des franchement dégueus. Il existait, paraît-il, des endroits immenses dédiés uniquement à la vie des fesses. Il y avait aussi des films, des chaines de télé, des magazines, des sites internet. Il se promit secrètement de se renseigner sur Stella quand il serait un peu seul et tranquille.

En attendant, il buvait les paroles de Billy, et rigolait beaucoup. Il réalisait que son statut d’agent très spécial, chargé d’observer les missiles d’une rampe de lancement, n’était pas le métier le plus glamour au monde. Il voulait plus. Il rêvait de cette terre lointaine où les poils étaient tous beaux et bronzés, et passaient à la télé.
Observateur de missiles ? Ça n’était pas une vocation. Poil vedette à Fesses-Land, ça oui !

Il jeta un coup d’œil vers Hollywood Billy, affalé sur le sol, tout occupé à digérer le festin offert par Yaya et sourit à la vision de sa petite barbichette couverte de jus de tomate. Il prit son courage à deux mains et lui demanda son email.



mercredi 15 décembre 2010

Vingt-huit. Il voit Stella.

« Viens ici Cucul, je vais te montrer un truc qui va t’éclater ! » 

Yaya tenait l’appareil photo de Hollywood Billy dans ses mains et une photo bien particulière s’affichait à l’écran. Holly, pendant ce temps-là souriait toujours avec beaucoup de dents.
« Tu la vois, elle ? C’est Stella J. Hé hé ! Une poilette au poil toute proche de Angie J. Pas mal, hein ? ».

Yaya fit un énorme clin d’œil en direction de Holly, qui le lui rendit en montrant encore plus de dents.

Petit-Poil-de-Cul se sentait un peu perdu. Il n’avait jamais entendu parler de Angie J. ni du poil le plus connu d’un certain Brad P. Mais Stella avait certainement quelque chose de séduisant et d’intrigant, et l’effet sur son petit être ne se fit pas attendre. Il sentit sont petit cœur battre beaucoup plus fort et son petit trou devenir très serré, tout d’un coup, comme ça. Gêné, il se redressa un peu et regarda au loin. Il était prêt à tout pour cacher son embarras, mais Yaya avait compris.
« Dis-donc Holly ! My friend ! Tu veux bien imprimer cette photo pour Cucul ? En souvenir… ».

« Yeah, yeah…  ».

Petit-Poil-de-Cul ne manifesta aucune réaction, mais ressentit beaucoup d’amour et une reconnaissance éternelle pour Yaya, son copain pour la vie.



dimanche 12 décembre 2010

Vingt-sept. Il découvre Hollywood.

« Heya ! »

Petit-Poil-de-Cul bondit dans son petit trou et se tourna en direction de la voix.
« Mais qui êtes-vous ? » « Yaya ? C’est qui ? ».
« Cucul, je te présente mon pote, Hollywood Billy, arrivé tout droit des Etats-Unis, de passage dans la région, et vachement sympa, tu verras ».

Petit-Poil-de-Cul était surpris, charmé et souriant, car Hollywood Billy avait effectivement l’air marrant. Il ressemblait un peu à Yaya, avec moins de poils et quelques particularités physiques amusantes. Il portait surtout un appareil très étrange autour de la taille.
« Qu’avez-vous autour de la taille Monsieur Billy ? Ça m’est totalement inconnu ».

Hollywood Billy le regarda avec de grands yeux. Visiblement il n’avait rien compris à la question.
C’est Yaya qui s’occupa de la traduction.
« Alors, il est désolé, mais Holly ne parle pas français. Ce machin, c’est un appareil photo. Il a rencontré plein de poils connus durant ses voyages, alors il se prend toujours en photo en leur compagnie, pour avoir un souvenir, et surtout pour draguer les nanas ! Hein Holly ! Ça marche avec les « gurls » ton truc ! ».
« Yeah, yeah ! ».

Hollywood Billy lui fit un grand sourire plein de dents.



jeudi 9 décembre 2010

Vingt-six. Il est pubère.

Après sa douche, Petit-Poil-de-Cul, exhalant la verveine, se rendit compte que, merde, Il se sentait mieux !
« Tu vois Yaya, j’avais besoin de toi. Il fallait que je te parle, que je t’explique des choses. Y a eu des changements dans ma vie, j’suis perdu ».

Une petite larme coula sur sa joue toute propre, sans laisser de trace cette fois-ci.
« Ma saucisse ! Viens là que j’te fasse un câlin ! Mon pauvre poulet ! Si c’est pas malheureux. Tes crétins de parents auraient dû t’expliquer tout ça depuis belle lurette ! C’est tout simple mon Cucul, t’es en plein âge con… Tu grandis. »

Petit-Poil-de-Cul prit soudain conscience que son unique famille se trouvait là. Que la seule personne en qui il avait confiance, la seule personne sur laquelle il pouvait compter, c’était son ami pour la vie, Yaya.
« Yayaaaa, ne me quitte plus jamais ! ».

Petit-Poil-de-Cul pleurait toutes les larmes de son corps, plié en deux sur son copain si doux. Les larmes glissaient le long de la magnifique toison de Yaya, n’altérant en rien son lustre et sa couleur. Ça ne les faisait pas friser non plus, d’ailleurs.
A ce moment-là, il se rendit compte de la présence toute proche de quelqu’un…


lundi 6 décembre 2010

Vingt-cinq. Il revoit son pote.

« Alors Cucul, mon p’tit pote, ça gaze ? ».

Petit-Poil-de-Cul eut un sursaut soudain de stupéfaction. Il connaissait cette voix, cette gouaille, c’était... « Yaya !!! Yayaaaaaaaa !!!!! ».
Il se précipita dans les bras de son copain si bien lustré, enfin, dans la mesure de ses moyens.
« Dis-donc Cucul, ma p’tite boule puante, t’as grandi ! T’as même sacrément changé la vache ! T’aurais une odeur de fauve que ça m’étonnerait pas. Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? ».

Petit-Poil-de-Cul se rendit compte que Yaya avait un air un peu pincé et commençait à parler du nez. De plus, il avait mis fin à leurs effusions très rapidement et se tenait à une distance raisonnable. Y avait comme un froid, quoi.
« Je déprime… J’en ai marre de tout. Tu m’as manqué mon copain, si tu savais combien tu m’as manqué ! ».

Petit-Poil-de-Cul ouvrit ses bras bien grand pour un appel au câlin, mais rien. Yaya ne bougeait pas.
« Bon ma poule, tu prends une douche et on reparle de tout ça ? Désolé mon vieux, mais là, pour un p’tit poil, t’as une sacrée puissance de dégagement. Houuu ! J’en crois pas mon nez ».

Petit-Poil-de-Cul, légèrement vexé, empoigna sa douche et son gel à la verveine commandé online 3 semaines auparavant.



vendredi 3 décembre 2010

Vingt-quatre. Il se fait du souci.

Les réveils se succédaient, plus bizarres les uns que les autres. Petit-Poil-de-Cul ne comprenait plus rien. Plus le temps passait et plus il avait chaud, froid. Il dormait toute la journée, se foutait de tout, s’engueulait avec ses voisins, passait son temps devant la télé, bref, il avait besoin d’aide. Et surtout de copains.
Et de chips…
« Me ferais bien une p’tite bière… ».

Non, non, non, Petit-Poil-de-Cul était poli et bien élevé. Un point c’est tout. Sauf que… même son hygiène personnelle laissait maintenant à désirer.
« M’en fous. Personne ne me connaît. Personne ne me voit dans mon trou. J’suis tout seul, peinard et qu’on vienne pas m’emmerder. »

Il renifla un bon coup sous ses aisselles, eut un vertige soudain et se dit que là c’était peut-être le moment de passer à la douche.
« Je pue ».
Une certaine fierté de mâle s’était emparée de son petit torse glabre.
« Ouais. Je pue ».



mardi 30 novembre 2010

Vingt-trois. Il découvre un machin.

Encore un matin. Un matin tout seul. À se demander ce qu’il lui arrivait.

Petit-Poil-de-Cul prit son petit miroir de poche et examina son reflet.
« Aaaaaaaaaaahh !!!!! »

Un poil. Un tout petit poil, fin et chétif avait poussé sur son menton. Impossible ! Je ne peux pas avoir de poils, je SUIS un poil !
Sa peau s’était aussi couverte de petits machins noirs. Son teint si parfait, si lisse, manquait d’éclat, de lumière. Il avait l’air fatigué, terne, brouillon.
Petit-Poil-de-Cul prit les devants, et après un bon peeling désincrustant, son masque à l’argile fétiche et un nouveau masque hydratant aux liposomes actifs oxygénants, il se sentit vachement mieux. Propre quoi.

Il reprit son petit miroir et examina son petit poil. Mmmmh… Épilation ? Pince ? Rasoir ? Laser ? Une multitude de solutions s’offraient à lui, mais en tant qu’agent très spécial, il se devait de choisir la plus avant-gardiste.
Il s’endormit, en rêvant au futur de son poil.


samedi 27 novembre 2010

Vingt-deux. Il est ému.

3 jours. 3 JOURS que Yaya avait disparu. Pas un message, pas un coup de fil, rien. Le désert. La solitude. Petit-Poil-de-Cul était désespéré, malheureux, déprimé, et ressentait le besoin profond d’en parler à son psy, mais il tenait bon. Il savait que ces épreuves étaient là pour tester sa résistance. Mais bon, la vache, c’était dur !

En plus, il avait des questions à poser à Yaya. Des questions personnelles qui ne regardaient personne. Des trucs gênants, intimes.
Bon, heu, il faisait des rêves étranges, voilà. Et il se réveillait avec un grand sourire idiot alors qu’il était sensé être malheureux. Petit-Poil-de-Cul était perdu. Et c’est justement dans ces moments-là qu’on a besoin d’un ami…
« Yayaaaaaa !!!!! Où est-tuuuu !!!!! »

Rien. Pas de réactions.

Une toute petite larme coula le long de sa petite joue et alla s’écraser sur le sol, suivie d’une autre, et d’une autre encore.
Ceci permit d’ailleurs à Petit-Poil-de-Cul de nettoyer un peu autour de son trou… Ça sert à ça les larmes ? Au ménage ? C’est pas marrant. Il prit la décision solennelle de détester le ménage pour le restant de ses jours.
Lui, un petit poil de cul raffiné, renonçait à la propreté militaire qu’il s’imposait depuis des semaines. En regardant autour de lui, il se rendit bien compte qu’il était le seul à faire cet effort de toutes façons, alors…



mercredi 24 novembre 2010

Vingt-et-un. Il se fait gratter. Encore.

Petit-Poil-de-Cul avait du mal à croire à ce qui lui arrivait. Cette chance ! Il avait un super copain très doux, bien démêlé, et lustré, qui lui apprenait plein de trucs, lui racontait des histoires passionnantes et mystérieuses, et énigmatiques, et super obscures, aussi.
Pourtant, un détail le stressait. Sa pression était montée à pfffff ! Au moins ! La dernière fois. Beaucoup trop haut pour un petit poil !

Petit-Poil-de-Cul s’inquiétait des habitudes alimentaires de Yaya. Non pas qu’il désapprouvait le choix du jus de tomates, au contraire, mais les conséquences mettaient ses pauvres petits nerfs à dure épreuve. « Va falloir que je m’offre une thalasso un des ces quatre, ça peut plus durer » pensait-il.
« Mais ça suffit avec ce truuuuuuc !!! A l’aide !!! ».

L’énorme machin bizarre avait replongé en direction de son petit trou, avait gratté et gratté. Le sol était à présent tout rouge et gonflé et Yaya avait disparu…
« Yaya !!! ».

« Ouais ! ouais-ouais ! J’suis derrière toi Cucul. J’crois que je vais aller bouffer un peu plus loin, parce que t’as l’air quand même vachement nerveux pour un p’tit poil ».

Petit-Poil-de-Cul, inquiet et ne pouvant toujours pas se retourner, lui fit confiance.
C’est à ce moment précis qu’un missile décolla de la rampe de lancement en direction de ce merveilleux ciel bleu outremer. Une légère bruine bienfaisante vint rafraîchir l’atmosphère.
Petit-Poil-de-Cul s’ennuyait déjà de Yaya.



dimanche 21 novembre 2010

Vingt. Il voit des trucs.

Comme toujours quand il finissait une histoire, Yaya avait un petit creux. Il avait une façon bien à lui de se nourrir : il se plantait dans le sol et aspirait lentement une boisson qui ressemblait à du jus de tomate. Petit-Poil-de-Cul en était d’ailleurs persuadé, puisque Yaya avait tellement bonne mine après chaque repas. Ça ne pouvait être que le béta carotène !

C’est à ce moment-là qu’un détail frappa Petit-Poil-de-Cul. Partout où Yaya avait bu, il avait laissé une trace rosée qui gonflait après un certain temps, et semblait attirer cet énorme truc bizarre qui avait failli lui provoquer une crise cardiaque la dernière fois.
« Mayday ! Mayday ! Le gros machin est de retouuur ! ».

Petit-Poil-de-Cul s’époumonait dans son petit talkie-walkie, espérant contacter un de ses supérieurs pour lui signaler le danger, mais à chaque fois, le truc disparaissait et personne ne venait à son secours.

Et Yaya le regardait, interloqué, et se demandait s’il n’était pas temps de mettre les voiles.
« Mais ! Cucul ! A qui tu parles ? ».
« Je n’ai pas le droit d’en parler Yaya, c’est secret ».


jeudi 18 novembre 2010

Dix-neuf. Il se fait raconter des trucs.

Petit-Poil-de-Cul passait des heures à écouter son copain. Il avait même fini par se calmer côté conversation et préférait entendre le récit des folles aventures de Yaya dans des pays étrangers. C’était coloré, drôle, mystérieux. Il ne comprenait pas toutes les subtilités, mais se promettait à chaque fois de vérifier dans son petit dictionnaire de poche (obligé, il manquait de place pour le gros modèle dans son petit trou).
« C’est quoi une partouze ? »

Yaya tortilla du sourcil, écrasa son mégot sur le sol et le paysage entier fut saisi d’un sursaut soudain.
« C’est rien, une espèce de mêlée, comme au rugby ».

Petit-Poil-de-Cul n’était pas plus avancé. Il n’avait aucune idée de ce qu’était le rugby, mais avait déjà eu la chance de goûter à la salade du même nom.



lundi 15 novembre 2010

Dix-huit. Il a un copain.

Petit-Poil-de-Cul profitait de la vie du haut de sa petite taille, jouait à «“je te tiens, tu me tiens…” avec son copain et se prenait une claque à chaque fois. La vie était belle ! Un monde nouveau s’offrait à lui, un monde doux et rugueux, sec et tout mouillé, un monde qui collait… et qui ne sentait pas très bon. Pas grave ! Il touchait tout ce qu’il pouvait toucher, avec plus ou moins de chance, mais bon… la découverte, ça c’était primordial.
« Dis, comment tu t’appelles ? ».

« Je m’appelle Phtirius, mais personne arrive à le prononcer, alors mes potes m’appellent Yaya, c’est plus sympa. Et toi ? ».

« Moi, c’est Petit-Poil-de-Cul ! ».

« Ah… ben mon pauv’ vieux… Encore des parents qui ont passé trop de temps devant la télé ».

« C’est quoi la télé ? ».

« Une grande image qui bouge et qui dit des trucs, mais de nos jours, ça vaut plus grand chose. A part les séries américaines. Bref, on joue à sauter ? ».

Et Petit-Poil-de-Cul se mit à imiter son copain. Sauf que c’était pas évident vu qu’il était quand même un peu coincé dans son trou, mais son cœur y était, et ça, c’était l’essentiel.



vendredi 12 novembre 2010

Dix-sept. Il touche.

Petit-Poil-de-Cul n’osait plus regarder son nouveau copain. Il n’avait qu’une envie : disparaître, rentrer dans son trou et se faire oublier. Le pire, c’est que son bouton avait éclaté sous la pression. Il se sentait défiguré, honteux, avec ce truc rouge au milieu de la figure, bref, c’était pas son jour.

« T’en fais pas pauvre petit, c’est pas grave, tu veux que j’en lâche un pour te mettre à l’aise ? ».

« Ouaaaaah !! », Petit-Poil-de-Cul avait la tête qui tournait.

« Tu vois, ça arrive à tout le monde. C’est marrant d’ailleurs, on peut même faire des concours. T’as un briquet ? Je peux te montrer un truc vachement drôle ».

Petit-Poil-de-Cul avait retrouvé le sourire et se dit que ce copain était vraiment très sympa, mais la plus belle surprise se trouvait au niveau de la surface : ses petites mains et ses petits bras étaient dégagés ! Il demanda poliment à toucher cette merveilleuse fourrure. Que c’était doux ! Quelle sensation merveilleuse ! Petit-Poil-de-Cul était heureux.



mardi 9 novembre 2010

Seize. Il cause.

Petit-Poil-de-Cul était aux anges ! Il avait enfin la possibilité de pratiquer ce qu’on appelait “l’art de la conversation”. Il avait un ami et comptait bien en profiter.

« Dis-donc, qu’est-ce que tu causes pour un petit poil ! ».

Petit-Poil-de-Cul prit ça pour un compliment et continua sur sa lancée : « Mais d’où venez-vous ? Quelle merveilleuse surprise ! Vous êtes étranger ? Qui vous coiffe ? Je peux toucher ? ». C’est alors qu’il prit soudainement conscience de la terrible situation. Ses petites mains. Toujours coincées dans son petit trou. Petit-Poil-de-Cul se dit qu’il était temps de forcer la nature, une nouvelle fois. Il serra ses petits poings, serra ses petites dents, se concentra très fort et poussa de toutes ses forces, « pouêêêt !! ».

« Oh la vache ! Je comprends pourquoi ça fouette tellement par ici ! Mais qu’est-ce qu’on te donne à bouffer ? ».

Petit-Poil-de-Cul était mortifié de honte.



samedi 6 novembre 2010

Quinze. Il découvre un ami.

« Eh ! T’as quoi sur le pif ? », Petit-Poil-de-Cul sursauta. La voix était différente de toutes celles entendues jusque-là. Un peu nasillarde, légèrement haut perchée, et en plus pas agressive pour un sou. Le truc bizarre quoi…

« Mais, vous êtes qui vous ? » demanda poliment Petit-Poil-de-Cul, « je n’ai jamais eu le plaisir de vous croiser dans le voisinage… ».

« Oh moi, rien, je passais par là. Y a un coin sympa pour béqueter dans les environs ? ».

Petit-Poil-de-Cul était sidéré. Il n’avait jamais rencontré de poils de cette espèce. Celui-là n’était pas allongé mais tout rond, se déplaçait grâce à six pattes, et portait une vraie fourrure de poils merveilleusement lustrés.

Des poils sur un poil ?

Petit-Poil-de-Cul se dit qu’il se trouvait probablement face à ce qu’on appelait vulgairement un touriste.
« Je suis vraiment désolé de ne pouvoir vous serrer la main, mais comme vous pouvez aisément le constater je suis encore très petit et très coincé dans mon trou. Toutefois, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre admirable contrée. Quel après-shampooing utilisez-vous sur vos poils ? ».



mercredi 3 novembre 2010

Quatorze. Il se fait gratter.

Un jour, Petit-Poil-de-Cul passa tout près de la crise cardiaque. Un énorme truc bizarre s’était abattu sur lui, comme ça, sans raison, et l’avait frotté très fort. Son petit cœur avait failli exploser, sa tête tournait, son nez douloureux pulsait sous l’effet de ce fichu bouton qui gonflait et gonflait encore. Sûrement une nouvelle épreuve faisant partie de son entrainement personnel. 

Il décida d’utiliser les grands moyens et sortit de son compartiment personnel un masque à l’argile.


dimanche 31 octobre 2010

Treize. Il ne sent pas bon.

Depuis quelques temps, Petit-Poil-de-Cul ne se sentait pas bien à l’aise. A chaque missile, son voisinage immédiat se couvrait un peu plus d’une substance collante et très agressive envers ses narines sensibles. Lui si délicat et raffiné, tout occupé à trouver le parfait trench-coat pour sa future carrière, se sentait sali, intérieurement et extérieurement. La situation ne pouvait plus durer. Il rêvait d’une pluie bienfaitrice, d’un plongeon dans cette eau d’un bleu profond entrevue un jour. Il se dit que tout ceci n’était probablement qu’un test pour son statut d’agent très spécial.

Un matin, il eut une vision d’horreur dans son petit miroir, un bouton sur le nez… mais refusa de se laisser abattre, au contraire, il se sentit fort, invulnérable, prêt à se battre, « je survivrai ! » dit-il en gonflant son petit torse.


jeudi 28 octobre 2010

Douze. Il fait une découverte.

Petit-Poil-de-Cul sursautait régulièrement au bruit des missiles expulsés depuis la rampe de lancement, non loin de son petit trou. À sa grande surprise, personne ne semblait les remarquer. C’était bizarre. Ou était-ce intentionnel ? Son petit cerveau se mit à réfléchir très fort, ça fumait là-dedans. Soudain, une petite lumière vint éclairer ses petits neurones. Il avait tout compris, il était probablement né sur un terrain militaire. Mais oui ! Tout concordait : le couvre-feu, le bruit, l’odeur, l’humour potache et vulgaire de ses voisins, et le souvenir de ce grand cœur, probablement occupé par des pacifistes.

Petit-Poil-de-Cul, se sentit investi d’une mission. Lui, un petit poil chétif, serait agent secret.



lundi 25 octobre 2010

Onze. Il porte une minerve.

Petit-Poil-de-Cul, immobile et songeur, rêvait à ce pays si particulier qu’il venait de découvrir : « Une montagne en forme de cœur et une en forme de menhir, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? ». Il voulait grandir, rencontrer les autres, se faire des copains, rigoler, organiser un barbecue. Il souriait droit devant lui, coincé dans son trou (la minerve exigée auprès de son médecin prenait toute la place) et faisait des projets d’avenir.
« Eh p’tit con ! Tu nous fais un sourire ? ».

Un grand flash de lumière vint illuminer le ciel. Petit-Poil-de-Cul se dit que le monde autour de lui était décidément très particulier.


vendredi 22 octobre 2010

Dix. Il a un torticolis.

Petit-Poil-de-Cul se remit en vitesse dans sa position initiale parce que l’odeur devenait franchement brutale dans ce sens. Il avait presque honte de s’être lamenté jusque-là. 
« Aïeeuuuuh ! ».

Et voilà. Il avait bien envisagé le déportement de la tête vers la droite, mais pas le retour. Une douleur commençait à envahir son petit cou. La faute à qui ? Son nez ! Celui-ci était fin, délicat, sensible. Petit-Poil-de-Cul songeait même à s’en servir comme d’un atout pour entrer dans le monde merveilleux de la parfumerie.

Il maudit ce nez si parfait et décida de ne pas trop bouger pour éviter la douleur.


mercredi 20 octobre 2010

Neuf. Il se tourne.

Petit-Poil-de-Cul n’en pouvait plus de ne pas voir ce qu’il se passait derrière lui. Ses oreilles fonctionnaient à merveille, son nez presque trop bien (entre nous, il rêvait souvent de s’enrhumer), mais ses yeux ne lui offraient qu’une belle colline rose à la pente douce sur laquelle il se balançait du haut de sa petite taille, au gré des vents. N’y tenant plus, il fournit un effort plutôt gonflé pour son âge et réussit à se tourner vers la droite.
« Ooh, que c’est joliii… ».

Sa petite tête tendue à s’en faire péter les cervicales, il découvrit enfin un paysage magnifique, vallonné et tout rose, recouvert de plein de copains, mais beaucoup plus grands que lui, avec une drôle de montagne en forme de cœur dans le fond, et une autre plus haute juste derrière…
« beuuurk ! ».



dimanche 17 octobre 2010

Huit. Il ronfle.

Petit-Poil-de-Cul rêvait. Tel un cheval fou, il gambadait au milieu d’un champ de choux-fleurs, libre et heureux. Des autres petits poils lui lançaient une balle pleine de couleurs, il souriait et la renvoyait.
« Eh ! ».

Les autres petits poils souriaient et la renvoyaient.
« Eeeeh ! ».

Tous les poils gambadaient et souriaient au milieu des choux-fleurs.
« OOOOH !! ».

Petit-Poil-de-Cul sursauta, mais comme ça, d’un coup. Le choc. Apparemment il ronflait. Enfin, c’est ce que la voix derrière lui affirmait et de manière pas très sympa.
Petit-Poil-de-Cul décida de s’organiser pour la prochaine sieste et de s’enregistrer. Il était peut-être petit et poli, mais il ne fallait pas le prendre pour un imbécile.


mercredi 13 octobre 2010

Sept. Il fait une sieste.

Toutes ces découvertes, les bruits, l’odeur difficile (il était vraiment très poli), le mal de crâne, l’effort physique et l’intense sollicitation de son cerveau avaient fatigué Petit-Poil-de-Cul. Il décida donc de se poser-là deux secondes, histoire de récupérer un peu.

Oui, mais, dans quelle position ? Quand on a les narines collées au sol, se reposer n’est pas chose évidente. Il décida donc de remettre un petit coup de poussette, comme avant. Il serra ses petits poings, serra ses petites dents, se concentra un max et poussa comme un dingue en gardant bien les oreilles à l’affût, et « pffffffffutt ! ».

Personne n’avait rien entendu, et Petit-Poil-de-Cul avait appris à pousser en sournois. Avec un grand sourire de soulagement, il appuya sa tête sur le bord de son petit trou et s’endormit gaiement.



dimanche 10 octobre 2010

Six. Il a une migraine.

Qui aurait pu imaginer que Petit-Poil-de-Cul serait si sensible ? Olfactivement parlant. C’était bien sa veine. Du coup, il avala une toute petite aspirine et pria très fort : « Crotte, j’espère que je vais m’y habituer, parce que sinon, bonjour… ».

Après quelques instants, il se sentit mieux. Enfin presque. Une sensation de brûlure pas très sympa vint lui chatouiller l’estomac.

« Eh p’tit con, avec une aspirine, il faut boire beaucoup d’eau ».
Petit-Poil-de-Cul remercia chaleureusement la voix, s’excusa de ne pas pouvoir se retourner, et but un grand verre d’eau, et du coup, ça allait beaucoup mieux.


jeudi 7 octobre 2010

Cinq. Il essaie son nez.

Petit-Poil-de-Cul avait maintenant le nez collé au sol. Hors de son petit trou, mais collé au sol. On ne peut pas tout avoir. Il se rendit vite compte que la vision à 360° ce serait pour beaucoup plus tard, alors ni une ni deux, il essaya son nez.
Ça sentait fort.
Ça sentait même très fort.
Il est vrai que Petit-Poil-de-Cul n’avait pas beaucoup de points de comparaison, mais là, pour un petit poil qui débutait, c’était du lourd.


lundi 4 octobre 2010

Quatre. Il tente un coup.

Puisque Petit-Poil-de-Cul voulait élargir son horizon, et que dans la situation actuelle ce n’était pas possible, il décida de toutes ses petites forces de pousser un bon petit coup. Il serra ses petits poings, ses petites dents, poussa comme un malade dans son petit trou jusqu’à ce que sa tête devienne toute rouge, et « prouuut ! ». Une seconde de silence suivie de grands rires idiots tout autour de lui le rendirent bien malheureux, mais une petite victoire le consola rapidement, il avait gagné un nez.