mardi 30 novembre 2010

Vingt-trois. Il découvre un machin.

Encore un matin. Un matin tout seul. À se demander ce qu’il lui arrivait.

Petit-Poil-de-Cul prit son petit miroir de poche et examina son reflet.
« Aaaaaaaaaaahh !!!!! »

Un poil. Un tout petit poil, fin et chétif avait poussé sur son menton. Impossible ! Je ne peux pas avoir de poils, je SUIS un poil !
Sa peau s’était aussi couverte de petits machins noirs. Son teint si parfait, si lisse, manquait d’éclat, de lumière. Il avait l’air fatigué, terne, brouillon.
Petit-Poil-de-Cul prit les devants, et après un bon peeling désincrustant, son masque à l’argile fétiche et un nouveau masque hydratant aux liposomes actifs oxygénants, il se sentit vachement mieux. Propre quoi.

Il reprit son petit miroir et examina son petit poil. Mmmmh… Épilation ? Pince ? Rasoir ? Laser ? Une multitude de solutions s’offraient à lui, mais en tant qu’agent très spécial, il se devait de choisir la plus avant-gardiste.
Il s’endormit, en rêvant au futur de son poil.


samedi 27 novembre 2010

Vingt-deux. Il est ému.

3 jours. 3 JOURS que Yaya avait disparu. Pas un message, pas un coup de fil, rien. Le désert. La solitude. Petit-Poil-de-Cul était désespéré, malheureux, déprimé, et ressentait le besoin profond d’en parler à son psy, mais il tenait bon. Il savait que ces épreuves étaient là pour tester sa résistance. Mais bon, la vache, c’était dur !

En plus, il avait des questions à poser à Yaya. Des questions personnelles qui ne regardaient personne. Des trucs gênants, intimes.
Bon, heu, il faisait des rêves étranges, voilà. Et il se réveillait avec un grand sourire idiot alors qu’il était sensé être malheureux. Petit-Poil-de-Cul était perdu. Et c’est justement dans ces moments-là qu’on a besoin d’un ami…
« Yayaaaaaa !!!!! Où est-tuuuu !!!!! »

Rien. Pas de réactions.

Une toute petite larme coula le long de sa petite joue et alla s’écraser sur le sol, suivie d’une autre, et d’une autre encore.
Ceci permit d’ailleurs à Petit-Poil-de-Cul de nettoyer un peu autour de son trou… Ça sert à ça les larmes ? Au ménage ? C’est pas marrant. Il prit la décision solennelle de détester le ménage pour le restant de ses jours.
Lui, un petit poil de cul raffiné, renonçait à la propreté militaire qu’il s’imposait depuis des semaines. En regardant autour de lui, il se rendit bien compte qu’il était le seul à faire cet effort de toutes façons, alors…



mercredi 24 novembre 2010

Vingt-et-un. Il se fait gratter. Encore.

Petit-Poil-de-Cul avait du mal à croire à ce qui lui arrivait. Cette chance ! Il avait un super copain très doux, bien démêlé, et lustré, qui lui apprenait plein de trucs, lui racontait des histoires passionnantes et mystérieuses, et énigmatiques, et super obscures, aussi.
Pourtant, un détail le stressait. Sa pression était montée à pfffff ! Au moins ! La dernière fois. Beaucoup trop haut pour un petit poil !

Petit-Poil-de-Cul s’inquiétait des habitudes alimentaires de Yaya. Non pas qu’il désapprouvait le choix du jus de tomates, au contraire, mais les conséquences mettaient ses pauvres petits nerfs à dure épreuve. « Va falloir que je m’offre une thalasso un des ces quatre, ça peut plus durer » pensait-il.
« Mais ça suffit avec ce truuuuuuc !!! A l’aide !!! ».

L’énorme machin bizarre avait replongé en direction de son petit trou, avait gratté et gratté. Le sol était à présent tout rouge et gonflé et Yaya avait disparu…
« Yaya !!! ».

« Ouais ! ouais-ouais ! J’suis derrière toi Cucul. J’crois que je vais aller bouffer un peu plus loin, parce que t’as l’air quand même vachement nerveux pour un p’tit poil ».

Petit-Poil-de-Cul, inquiet et ne pouvant toujours pas se retourner, lui fit confiance.
C’est à ce moment précis qu’un missile décolla de la rampe de lancement en direction de ce merveilleux ciel bleu outremer. Une légère bruine bienfaisante vint rafraîchir l’atmosphère.
Petit-Poil-de-Cul s’ennuyait déjà de Yaya.



dimanche 21 novembre 2010

Vingt. Il voit des trucs.

Comme toujours quand il finissait une histoire, Yaya avait un petit creux. Il avait une façon bien à lui de se nourrir : il se plantait dans le sol et aspirait lentement une boisson qui ressemblait à du jus de tomate. Petit-Poil-de-Cul en était d’ailleurs persuadé, puisque Yaya avait tellement bonne mine après chaque repas. Ça ne pouvait être que le béta carotène !

C’est à ce moment-là qu’un détail frappa Petit-Poil-de-Cul. Partout où Yaya avait bu, il avait laissé une trace rosée qui gonflait après un certain temps, et semblait attirer cet énorme truc bizarre qui avait failli lui provoquer une crise cardiaque la dernière fois.
« Mayday ! Mayday ! Le gros machin est de retouuur ! ».

Petit-Poil-de-Cul s’époumonait dans son petit talkie-walkie, espérant contacter un de ses supérieurs pour lui signaler le danger, mais à chaque fois, le truc disparaissait et personne ne venait à son secours.

Et Yaya le regardait, interloqué, et se demandait s’il n’était pas temps de mettre les voiles.
« Mais ! Cucul ! A qui tu parles ? ».
« Je n’ai pas le droit d’en parler Yaya, c’est secret ».


jeudi 18 novembre 2010

Dix-neuf. Il se fait raconter des trucs.

Petit-Poil-de-Cul passait des heures à écouter son copain. Il avait même fini par se calmer côté conversation et préférait entendre le récit des folles aventures de Yaya dans des pays étrangers. C’était coloré, drôle, mystérieux. Il ne comprenait pas toutes les subtilités, mais se promettait à chaque fois de vérifier dans son petit dictionnaire de poche (obligé, il manquait de place pour le gros modèle dans son petit trou).
« C’est quoi une partouze ? »

Yaya tortilla du sourcil, écrasa son mégot sur le sol et le paysage entier fut saisi d’un sursaut soudain.
« C’est rien, une espèce de mêlée, comme au rugby ».

Petit-Poil-de-Cul n’était pas plus avancé. Il n’avait aucune idée de ce qu’était le rugby, mais avait déjà eu la chance de goûter à la salade du même nom.



lundi 15 novembre 2010

Dix-huit. Il a un copain.

Petit-Poil-de-Cul profitait de la vie du haut de sa petite taille, jouait à «“je te tiens, tu me tiens…” avec son copain et se prenait une claque à chaque fois. La vie était belle ! Un monde nouveau s’offrait à lui, un monde doux et rugueux, sec et tout mouillé, un monde qui collait… et qui ne sentait pas très bon. Pas grave ! Il touchait tout ce qu’il pouvait toucher, avec plus ou moins de chance, mais bon… la découverte, ça c’était primordial.
« Dis, comment tu t’appelles ? ».

« Je m’appelle Phtirius, mais personne arrive à le prononcer, alors mes potes m’appellent Yaya, c’est plus sympa. Et toi ? ».

« Moi, c’est Petit-Poil-de-Cul ! ».

« Ah… ben mon pauv’ vieux… Encore des parents qui ont passé trop de temps devant la télé ».

« C’est quoi la télé ? ».

« Une grande image qui bouge et qui dit des trucs, mais de nos jours, ça vaut plus grand chose. A part les séries américaines. Bref, on joue à sauter ? ».

Et Petit-Poil-de-Cul se mit à imiter son copain. Sauf que c’était pas évident vu qu’il était quand même un peu coincé dans son trou, mais son cœur y était, et ça, c’était l’essentiel.



vendredi 12 novembre 2010

Dix-sept. Il touche.

Petit-Poil-de-Cul n’osait plus regarder son nouveau copain. Il n’avait qu’une envie : disparaître, rentrer dans son trou et se faire oublier. Le pire, c’est que son bouton avait éclaté sous la pression. Il se sentait défiguré, honteux, avec ce truc rouge au milieu de la figure, bref, c’était pas son jour.

« T’en fais pas pauvre petit, c’est pas grave, tu veux que j’en lâche un pour te mettre à l’aise ? ».

« Ouaaaaah !! », Petit-Poil-de-Cul avait la tête qui tournait.

« Tu vois, ça arrive à tout le monde. C’est marrant d’ailleurs, on peut même faire des concours. T’as un briquet ? Je peux te montrer un truc vachement drôle ».

Petit-Poil-de-Cul avait retrouvé le sourire et se dit que ce copain était vraiment très sympa, mais la plus belle surprise se trouvait au niveau de la surface : ses petites mains et ses petits bras étaient dégagés ! Il demanda poliment à toucher cette merveilleuse fourrure. Que c’était doux ! Quelle sensation merveilleuse ! Petit-Poil-de-Cul était heureux.



mardi 9 novembre 2010

Seize. Il cause.

Petit-Poil-de-Cul était aux anges ! Il avait enfin la possibilité de pratiquer ce qu’on appelait “l’art de la conversation”. Il avait un ami et comptait bien en profiter.

« Dis-donc, qu’est-ce que tu causes pour un petit poil ! ».

Petit-Poil-de-Cul prit ça pour un compliment et continua sur sa lancée : « Mais d’où venez-vous ? Quelle merveilleuse surprise ! Vous êtes étranger ? Qui vous coiffe ? Je peux toucher ? ». C’est alors qu’il prit soudainement conscience de la terrible situation. Ses petites mains. Toujours coincées dans son petit trou. Petit-Poil-de-Cul se dit qu’il était temps de forcer la nature, une nouvelle fois. Il serra ses petits poings, serra ses petites dents, se concentra très fort et poussa de toutes ses forces, « pouêêêt !! ».

« Oh la vache ! Je comprends pourquoi ça fouette tellement par ici ! Mais qu’est-ce qu’on te donne à bouffer ? ».

Petit-Poil-de-Cul était mortifié de honte.



samedi 6 novembre 2010

Quinze. Il découvre un ami.

« Eh ! T’as quoi sur le pif ? », Petit-Poil-de-Cul sursauta. La voix était différente de toutes celles entendues jusque-là. Un peu nasillarde, légèrement haut perchée, et en plus pas agressive pour un sou. Le truc bizarre quoi…

« Mais, vous êtes qui vous ? » demanda poliment Petit-Poil-de-Cul, « je n’ai jamais eu le plaisir de vous croiser dans le voisinage… ».

« Oh moi, rien, je passais par là. Y a un coin sympa pour béqueter dans les environs ? ».

Petit-Poil-de-Cul était sidéré. Il n’avait jamais rencontré de poils de cette espèce. Celui-là n’était pas allongé mais tout rond, se déplaçait grâce à six pattes, et portait une vraie fourrure de poils merveilleusement lustrés.

Des poils sur un poil ?

Petit-Poil-de-Cul se dit qu’il se trouvait probablement face à ce qu’on appelait vulgairement un touriste.
« Je suis vraiment désolé de ne pouvoir vous serrer la main, mais comme vous pouvez aisément le constater je suis encore très petit et très coincé dans mon trou. Toutefois, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre admirable contrée. Quel après-shampooing utilisez-vous sur vos poils ? ».



mercredi 3 novembre 2010

Quatorze. Il se fait gratter.

Un jour, Petit-Poil-de-Cul passa tout près de la crise cardiaque. Un énorme truc bizarre s’était abattu sur lui, comme ça, sans raison, et l’avait frotté très fort. Son petit cœur avait failli exploser, sa tête tournait, son nez douloureux pulsait sous l’effet de ce fichu bouton qui gonflait et gonflait encore. Sûrement une nouvelle épreuve faisant partie de son entrainement personnel. 

Il décida d’utiliser les grands moyens et sortit de son compartiment personnel un masque à l’argile.