dimanche 31 octobre 2010

Treize. Il ne sent pas bon.

Depuis quelques temps, Petit-Poil-de-Cul ne se sentait pas bien à l’aise. A chaque missile, son voisinage immédiat se couvrait un peu plus d’une substance collante et très agressive envers ses narines sensibles. Lui si délicat et raffiné, tout occupé à trouver le parfait trench-coat pour sa future carrière, se sentait sali, intérieurement et extérieurement. La situation ne pouvait plus durer. Il rêvait d’une pluie bienfaitrice, d’un plongeon dans cette eau d’un bleu profond entrevue un jour. Il se dit que tout ceci n’était probablement qu’un test pour son statut d’agent très spécial.

Un matin, il eut une vision d’horreur dans son petit miroir, un bouton sur le nez… mais refusa de se laisser abattre, au contraire, il se sentit fort, invulnérable, prêt à se battre, « je survivrai ! » dit-il en gonflant son petit torse.


jeudi 28 octobre 2010

Douze. Il fait une découverte.

Petit-Poil-de-Cul sursautait régulièrement au bruit des missiles expulsés depuis la rampe de lancement, non loin de son petit trou. À sa grande surprise, personne ne semblait les remarquer. C’était bizarre. Ou était-ce intentionnel ? Son petit cerveau se mit à réfléchir très fort, ça fumait là-dedans. Soudain, une petite lumière vint éclairer ses petits neurones. Il avait tout compris, il était probablement né sur un terrain militaire. Mais oui ! Tout concordait : le couvre-feu, le bruit, l’odeur, l’humour potache et vulgaire de ses voisins, et le souvenir de ce grand cœur, probablement occupé par des pacifistes.

Petit-Poil-de-Cul, se sentit investi d’une mission. Lui, un petit poil chétif, serait agent secret.



lundi 25 octobre 2010

Onze. Il porte une minerve.

Petit-Poil-de-Cul, immobile et songeur, rêvait à ce pays si particulier qu’il venait de découvrir : « Une montagne en forme de cœur et une en forme de menhir, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? ». Il voulait grandir, rencontrer les autres, se faire des copains, rigoler, organiser un barbecue. Il souriait droit devant lui, coincé dans son trou (la minerve exigée auprès de son médecin prenait toute la place) et faisait des projets d’avenir.
« Eh p’tit con ! Tu nous fais un sourire ? ».

Un grand flash de lumière vint illuminer le ciel. Petit-Poil-de-Cul se dit que le monde autour de lui était décidément très particulier.


vendredi 22 octobre 2010

Dix. Il a un torticolis.

Petit-Poil-de-Cul se remit en vitesse dans sa position initiale parce que l’odeur devenait franchement brutale dans ce sens. Il avait presque honte de s’être lamenté jusque-là. 
« Aïeeuuuuh ! ».

Et voilà. Il avait bien envisagé le déportement de la tête vers la droite, mais pas le retour. Une douleur commençait à envahir son petit cou. La faute à qui ? Son nez ! Celui-ci était fin, délicat, sensible. Petit-Poil-de-Cul songeait même à s’en servir comme d’un atout pour entrer dans le monde merveilleux de la parfumerie.

Il maudit ce nez si parfait et décida de ne pas trop bouger pour éviter la douleur.


mercredi 20 octobre 2010

Neuf. Il se tourne.

Petit-Poil-de-Cul n’en pouvait plus de ne pas voir ce qu’il se passait derrière lui. Ses oreilles fonctionnaient à merveille, son nez presque trop bien (entre nous, il rêvait souvent de s’enrhumer), mais ses yeux ne lui offraient qu’une belle colline rose à la pente douce sur laquelle il se balançait du haut de sa petite taille, au gré des vents. N’y tenant plus, il fournit un effort plutôt gonflé pour son âge et réussit à se tourner vers la droite.
« Ooh, que c’est joliii… ».

Sa petite tête tendue à s’en faire péter les cervicales, il découvrit enfin un paysage magnifique, vallonné et tout rose, recouvert de plein de copains, mais beaucoup plus grands que lui, avec une drôle de montagne en forme de cœur dans le fond, et une autre plus haute juste derrière…
« beuuurk ! ».



dimanche 17 octobre 2010

Huit. Il ronfle.

Petit-Poil-de-Cul rêvait. Tel un cheval fou, il gambadait au milieu d’un champ de choux-fleurs, libre et heureux. Des autres petits poils lui lançaient une balle pleine de couleurs, il souriait et la renvoyait.
« Eh ! ».

Les autres petits poils souriaient et la renvoyaient.
« Eeeeh ! ».

Tous les poils gambadaient et souriaient au milieu des choux-fleurs.
« OOOOH !! ».

Petit-Poil-de-Cul sursauta, mais comme ça, d’un coup. Le choc. Apparemment il ronflait. Enfin, c’est ce que la voix derrière lui affirmait et de manière pas très sympa.
Petit-Poil-de-Cul décida de s’organiser pour la prochaine sieste et de s’enregistrer. Il était peut-être petit et poli, mais il ne fallait pas le prendre pour un imbécile.


mercredi 13 octobre 2010

Sept. Il fait une sieste.

Toutes ces découvertes, les bruits, l’odeur difficile (il était vraiment très poli), le mal de crâne, l’effort physique et l’intense sollicitation de son cerveau avaient fatigué Petit-Poil-de-Cul. Il décida donc de se poser-là deux secondes, histoire de récupérer un peu.

Oui, mais, dans quelle position ? Quand on a les narines collées au sol, se reposer n’est pas chose évidente. Il décida donc de remettre un petit coup de poussette, comme avant. Il serra ses petits poings, serra ses petites dents, se concentra un max et poussa comme un dingue en gardant bien les oreilles à l’affût, et « pffffffffutt ! ».

Personne n’avait rien entendu, et Petit-Poil-de-Cul avait appris à pousser en sournois. Avec un grand sourire de soulagement, il appuya sa tête sur le bord de son petit trou et s’endormit gaiement.



dimanche 10 octobre 2010

Six. Il a une migraine.

Qui aurait pu imaginer que Petit-Poil-de-Cul serait si sensible ? Olfactivement parlant. C’était bien sa veine. Du coup, il avala une toute petite aspirine et pria très fort : « Crotte, j’espère que je vais m’y habituer, parce que sinon, bonjour… ».

Après quelques instants, il se sentit mieux. Enfin presque. Une sensation de brûlure pas très sympa vint lui chatouiller l’estomac.

« Eh p’tit con, avec une aspirine, il faut boire beaucoup d’eau ».
Petit-Poil-de-Cul remercia chaleureusement la voix, s’excusa de ne pas pouvoir se retourner, et but un grand verre d’eau, et du coup, ça allait beaucoup mieux.


jeudi 7 octobre 2010

Cinq. Il essaie son nez.

Petit-Poil-de-Cul avait maintenant le nez collé au sol. Hors de son petit trou, mais collé au sol. On ne peut pas tout avoir. Il se rendit vite compte que la vision à 360° ce serait pour beaucoup plus tard, alors ni une ni deux, il essaya son nez.
Ça sentait fort.
Ça sentait même très fort.
Il est vrai que Petit-Poil-de-Cul n’avait pas beaucoup de points de comparaison, mais là, pour un petit poil qui débutait, c’était du lourd.


lundi 4 octobre 2010

Quatre. Il tente un coup.

Puisque Petit-Poil-de-Cul voulait élargir son horizon, et que dans la situation actuelle ce n’était pas possible, il décida de toutes ses petites forces de pousser un bon petit coup. Il serra ses petits poings, ses petites dents, poussa comme un malade dans son petit trou jusqu’à ce que sa tête devienne toute rouge, et « prouuut ! ». Une seconde de silence suivie de grands rires idiots tout autour de lui le rendirent bien malheureux, mais une petite victoire le consola rapidement, il avait gagné un nez.


vendredi 1 octobre 2010

Trois. Il veut voir.

Petit-Poil-de-Cul en avait un peu marre de regarder droit devant lui. Il était bien conscient que des trucs se passaient tout autour, et même derrière. Il entendait des conversations, des rires, des bruits bizarres. Même que quelquefois, il avait franchement l’impression qu’on se foutait de sa gueule, mais comme il était encore tout propre, tout neuf et au stade où on aime tout le monde, il ne pensait pas à mal.